NICK OU LA PASSION

Nicolas marchait d’un pas décidé. Il arriva enfin à son bistro préféré, dans le quartier universitaire de Berlin. Il vit une jeune fille à une table penchée sur un livre, demanda poliment si la place a coté était libre, elle acquisa d’un hochement sans lever sa tête et il s’assit. Il revenait d’un reportage qu’il avait fait pour le Spiegel au Honduras. Il avait bouclé l’article, non sans mal, joint les photos. Là il cherchait un peu de détente, il commanda une bonne bière. Une Berliner Weisse 50 cl, il avait soif.

Marianne. Marianne qui travaillait pour l’organisation humanitaire CARE maintenant, l’avait reçu bras ouverts. La-bas. Allemand comme lui, elle lui avait été d’un grand secours. Dans sa tenue de baroudeuse, cheveux courts et bruns en désordre, elle lui avait montré les endroits les plus touchés après ce typhon qui avait ravagé le pays. Dans sa tente, le soir venue, ils avaient fait l’amour. Aimait-il Marianne ? Il ne savait pas. Il éprouvait pour elle beaucoup de tendresse.

Il sortit son livre et se plongea dans les écritures de W. Styron.

-Le choix de Sophie ? Très dur comme livre ! La jeune fille lui avait adressé la parole. Il l’a regarda. Qu’elle était belle ! Tout à ses pensées il ne l’avait pas remarqué. Lèvres pulpeuses, blonde et ce regard…Magnifique yeux bleus. Elle-même lisait un livre, Le Monde de Sophie, de J. Gaarder. Deux Sophies, deux destins. Ils se mirent à discuter et le temps passa vite.

– Vous venez souvent ici ? Demanda-t-il en partant. – Oui, j’aime bien cet endroit. –Alors à bientôt peut être ! Vous vous appelez comment ? – Clara. Et vous ? –Nicolas, Nick, pour mes amis.

Trois semaines plus tard, assis à la même table près de la fenêtre, Clara s’avança vers lui.

 -C’est libre ? Il sourit, l’invita à s’asseoir. Cette fois ci il l’emmena dîner chez un bon italien, ils ne virent pas le temps passer une fois de plus et quand il l’embrassa sur la joue, minuit était largement passé.

Nicolas, qui devait partir au Brésil lui donna rdv au même endroit, quinze jours plus tard.

Ainsi commença leur histoire. Travaillant en Free-Lance pour beaucoup de journaux de renommé, Nick avait beaucoup de boulot, mais un visage le hantait, celle de Clara. Une si jeune fille ! Il avait 33 ans, elle était en pleines études, n’avait que 18 ans. Si mure cependant. Et tellement femme. Il était éperdument amoureux d’elle. Jamais il n’avait connu ce sentiment. Aucune des femmes qu’il avait connues, même Marianne, lui avait fait cogner son cœur comme ça. Il attendait ces rencontres dans leur bistro, leur table prés de la fenêtre comme un damné.

-Ca va tite pomme ? Maintenant Clara habitait chez lui, dans son appart inoccupé pendant ses absences, et si prés de la fac.- Oui, Monsieur le journaliste ! Alors ce soir, hein, il y a pâtes et  œufs sur le plat ! Pas cassées ! Clara présenta fièrement son œuvre, Nick s’en foutait. Tout ce qui lui importait était Clara. Il mangea toutes ses œuvres, même un peu cramés. Quelques jours de là, il lui avait fait l’amour. Depuis, il l’appelait tite pomme, car ses fesses et ses seins avaient cette forme là ! Il mangea de bon appétit et comme d’habitude ils rient beaucoup.

-Ecoute tite pomme, j’ai un truc a finir…Veux-tu me trouver les commentaires ? C’est un truc dur !- Oki, hein, mais tu m’aides pour les maths ! Arf, les variables… ! Clara se pencha avec intérêt sur son dernier reportage. L’Ethiopie…Elle adorait de pouvoir l’aider….-Tu sais, mon amour…Tu es vachement doué pour écrire !-Ah ? Tu crois ?- Je confirme !

-Tite pomme ? Je dois encore m’absenter. Dis, à mon retour, si on se fiancé ? Je t’aime tellement, hein, on va se marier ! Certes tu es jeune, mais je t’aime tellement.

Presque 2 ans avaient passé.

Nick vivait une passion sans condition avec Clara. Et c’était réciproque. Clara était son complément. Aimer avec son cœur, son âme rien à voir avec un simple acte physique…Mais quand les deux se rejoignent, c’était toute simplement sublime. La passion. Constructive.

-Tu me présenteras à tes parents ! Je ferais une déclaration officielle ! J’espère que te parents n’ont rien contre les juifs ! On passera juste à la mairie. Ca te gène tite pomme ? –Non. Je t’aime Nick. Je t’aime tellement que je ne sais pas comment je pourrais vivre sans toi. Pour le reste, t’inquiète pas. J’ai toujours été une rébellion…Et, hein, nous avons un grand résistant dans la famille !!! Tant pis pour ma robe blanche ! Nick ? Nick je t’aime !!!! Et nous aurons beaucoup d’enfants, hein ? J’en veux au moins quatre ! Nick ria, la souleva  –Autant que tu veux ! Si on commençait toute suite ?

Dans l’hélicoptère qui survolait ce pays dévasté Nick prit son portable – Tite pomme ? J’arrive ce soir, hein, à Tegel !!!- Je t’aime Nick, je t’attends, tout est prêt !!! J’ai tenté de faire un gâteau !!! Bisous pleins, partout, partout !!!-Moi aussi, je t’aime….

Clara avait attendu en vaine à l’aéroport. Bon, il y avait du avoir un contre temps, cela arrivait. Revenue chez elle, elle rangea son gâteau au chocolat un peu raté, se coucha. Le lendemain, après le petit déjeuner elle sortit, faire quelques achats. Elle passa devant le kiosque à journaux comme d’habitude quand elle vit en premier page du SPIEGEL….Nick.

« Grand Reporter mort dans un crache d’hélicoptère au-dessus de…. »

Clara tomba à genou.

by herself OCTOBRE 2004