Les mots que l'on dit sur les lèvres meurent
Le sens qu'ils portaient s'éteint lentement
Il faut accepter  que rien n'en demeure 
Les baisers sont seuls partis les amants


Je ne t'ai donné qu'un chant périssable
Comme était ce coeur pourtant qui battit
Ah mon triste amour mon chateau de sable
Les baisers sont seuls partis les amants

                 L. Aragon

Carla attaqua de bon cœur son travail. Très intéressante. Elle connut plein de célébrités et une princesse de Mille et une Nuits…..Mais elle comprit aussi que le fric était nécessaire. Pour la liberté. Pour pouvoir choisir. Faut du fric pour pouvoir dire merde. Aucune envie de devoir demander à son mari.

En premier elle régla son problème avec sa copine.-Je suis si seule, besoin d’amour.- Ok, mais qui t’appelle le lendemain ? Hein ? Arrête tes conneries !Ils t’utilisent ! Tu vaux bien mieux que ça !- Ah, Carla, je n’ai pas fait des études comme toi…

-Recommence ! Inscris-toi à la fac ! C’est ne jamais trop tard !!!

Le lendemain soir de son ‘écrasement’ une voiture avait klaxonné devant sa porte. Regardant par la fenêtre elle lui avait fait signe de monter. C’était cet inconnu qui l’avait écrasé.

- Euh, bonjour. Euh…J’ai pensé que cela vous ferait plaisir ! Il tendit à Clara le livre qu’elle avait choisi et qui avait atterrit dans le caniveau. Neuf. –Hum. Merci. -Euh….J’ai envie de vous inviter manger une pizza pour me faire pardonner. -Hum ! Je ne connais même pas votre nom !- Moi, c’est Benjamin et toi ???- Hum. Clara.

Assis dans la pizza, Clara s’ennuait. Ferme. Benjamin lui parlait de physique et de sa thèse de doctorat sur la glace. Et des math’s. Sa passion. L’infini. Etre chercheur….Trouver. Chaque phrase commençait par –Moi, je…-Dis donc, et sinon ???-Sinon, rien. Je fais ce qui me plaît. Je suis fils unique d’une famille de Normandie. Tu comprends, j’ai une mémoire phénoménale. Auditive et visuel. Alors mon mentor( tuteur), malgré mon jeune âge m’a trouvé une expédition, tu comprends, je suis en avance, c’est génial ! Sinon ? Bien après on va chez moi ou chez toi ?….Clara avait commandé des spaghettis bolognais….Elle se leva

– Ecoute Mec, tu me barbes. Merci pour le livre, mais je n’ai pas eu tes excuses ! Tu me barbes ! Et cela fait une bonne heure ! Moi aussi j’ai eu mon bac tôt. Tu es imbue de toi-même ! C’est, c’est….Manquante de mots, Clara lui fouta l’assiette de spaghettis sur la tête et quitta le restaurant.

La vie de sa copine ne s’arrangea pas. Rien ne fit. Ni discussions, ni affection. Clara comprit qu’elle ne pouvait l’aider. En plus elle ne se sentait plus en sécurité. Clara était belle, elle le savait. Elle savait aussi qu’il fallait se protéger. Tous ces Mecs…Quand elle trouva un matin après une fiesta ou elle n’avait participé,  travail oblige, des petits miroirs encore pleins d’une certaine poudre blanche  elle sut que cela devenait urgent.

Quand une cliente lui proposa un studio que sa fille n’avait pas voulu, contre un loyer ridicule…500 Frs, Clara accepta de suite. Cette Dame sans âge, disons la cinquantaine, était adorable. Elle adorait Clara. Elle l’invita à un cocktail huppé et pour faire plaisir, Clara accepta.

Clara, entrain de partir, son tit sac remplis de bonnes choses, ben, fallait bouffer, tout moyen étant bon, croisa dans l’ascenseur un homme quelle avait remarqué pendant la soirée. Grand, yeux marron d’une humanité qu’il l’avait frappé. Lui aussi c’était ennuyé. Leurs regards d’ailleurs s’étaye plusieurs fois rencontrées, comme par hasard.- Je vous dépose ? Clara réfléchira. Jamais elle n’allait avec un inconnu.- Ok. Dans sa voiture, il débarrassa le siège passager. Clara vit des papiers, entête Croix Rouge, une trousse…Il mit un Cd et Rachmaninov envahissait la voiture. Silence. Arrivé à bon port Carla ramassa un papier tombé parterre.-Vous êtes médecin, c’est ça ?-Oui. Il eut un sourire.- C’est quoi ça ? Carla lui tendit le papier. C’était en allemand.- J’essaye de cueillir des fonds. La Croix Rouge allemande est très puissante…..Je m’appelle Pierre et toi ? –Carla. Ecoute, si besoin, je peux te traduire tous ce qu’il te faut !!! Non problème ! C’est ne rien pour moi. Action Robin Hood !!! Pierre ria…

-Mais merci ! Je viens de rentrer du Vietnam…Il y a tant à faire la bas. Tu me parais  bien jeune…Trop jeune.

Alors Clara, dans cette voiture un peu pourrie, raconta sa vie…Sa vie et Nick. Son journaliste. Pour lui expliquer, pour lui dire tout ce qu’elle avait vu…A partir de ce moment Pierre et Clara devinèrent amis. Une amitié rare.

-Putain, enfin ! Clara avait ouvert sa porte à la 5ième sonnerie. Devant elle Benjamin.

-Ouiii ????- J’ai trouvé ton adresse grâce à ta copine !- Oui ?- Tu ne me fais même pas rentrer ???- Non !- Mais pourquoi ?- Je suis marié et en break, et je trouve que tu es un goujat ! Carla le regarda. Il tenait entre ses mains un bouquet de fleurs. Des tulipes.- Alors qu’est ce qu’il faut que je fasse pour gagner ton cœur ????- Etre toi-même !

-En plus tu es mariée ? Si jeune ????- Oui, Monsieur ! Je suis une femme qu’on épouse. Pas une qu’on baise !

Clara claqua la porte.

 by herself NOVEMBRE 2004