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UN MONDE DE CONTES






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My Japanese name is Norie Hyobanshi.


DISCUSSIONS ACTIVES

MES MONDES

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Quel Plaisir, Plaisir..d'Être sur Terre, sur Terre !

UN MONDE SANS PITIE....

 

Regard d’acier, nez en bec d’aigle, bouche de carpe, l’homme qui se tient devant moi m’est de suite antipathique, c’est viscéral, épidermique. C’est rare. Poigné de main moite, beurk. Odeur d’anti-mite. Il est accompagné de son assistant. Petit, bedonnant, odeur de sueur, beurk. Sa veste est froissée. Il la quitte, je vois des auréoles sous ses bras, beurk. Je m’essuye la main discrètement sur mon pantalon.

 

Tout d’un coup je regrette que mon Mec ne soit pas là. Cela faisait parti de ma stratégie. Pas donner de l’importance à cette rencontre, il passait de toute façon inspecter ses magasins et ses ‘biens’. D’ailleurs la première question est ‘Votre mari a du retard ?’ –Non, il a un autre rdv.

Je sens que ça ne lui plaît pas.

 

A midi je n’ai pas pu finir mon steak. Un goût de carton pâte dans ma bouche. Ensuite mon cœur s’emballé, bouffés de chaleur. Merde. Merde le trac ! Terrible ça, le trac.

Quand j’étais petite j’ai fait sport études. Entraînements d’enfer, j’adorais ça, je voulais devenir elfe sur glace. Là, j’ai appris à gérer le trac avant un championnat. Tout un rite, s’habiller lentement, vérifier les patins, les lacer lentement. Ne pas regarder les concurrents, refaire dans la tête son parcours, attendre l’ordre’10 minutes Bri’ et commencer les échauffements.

 

Là je n’ai rien à lacer. Je m’habille, tailleur pantalon, pas être overlooké, ni under, je me maquille, juste les yeux. Pas douter de soi. Je complet ma tenue avec un foulard superbe qu’un homme m’a offerte il y a longtemps. Il me faut de l’affective. Je mets ma belle montre, me parfume à peine.

 

L’assistant laisse tomber un dossier, les documents s’éparpillent. Il est rappelé à l’ordre sèchement. Il s’excuse, il est séville.

L’entretien démarre. Je regarde le bureau d’en face, le fauteuil de mon Mec. Vide. Vide depuis 9 mois. Je me rappelle nos bagarres, quand on se lançait de papiers roulés en boule. Je me rappelle les repas que je faisais sur un butagaz. Nous mangions en 20 minutes et ensuite ré boulot. Mais qu’est ce qu’on a pu marner. Et maintenant j’ai en face de moi ce rouleau-compresseur. Des cailloux dans mon ventre. En plus ils puent.

 

Il raconte son ‘empire’. Je sais déjà tout cela. Je fais semblant d’écouter. Monopoly, ça me fait penser au Monopoly. J’en ai rien à carrer, il me barbe avec sa bouche de femme qui s’ouvre et qui se ferme.

Je sors de mon sac mon petit réveil matin. Il est tout simple. Mère me l’avait donné un jour car j’avais oublié le mien. Ca date de 20 ans. Je l’ai toujours gardé. Je règle la sonnerie sur 15h. En fait c’est un truc que j’applique pour montrer que mon temps est compté, qu’il faut aller au fait.

 

Il me jette un regard qui me glace. Tant pis. Deux clauses ne me convient pas. Je n’arrive pas à le cerner, ce qui est rare pour moi. Il se prend pour Dieu. J’insiste sur la date de signature définitive qui doit avoir lieu impérativement avant fin décembre. Sinon nous subissons une plus value fiscale et de ce fait la vente ne vaut plus le coup. Son assistant prend des notes. A pile 15h moins 5 il se lève. Il me regard, passe sa langue sur ses lèvres –Nous allons revoir tous cela. Je l’accompagne jusqu'à la porte, il ne me donne pas la main. Je vois l’assistant lui ouvrir la porte d’une grosse voiture aux vitres teintées. Au bureau mon réveil sonne. Je suis lessivée, morte. Pourtant j’ai déjà rencontré des tas d’hommes chef d’entreprises, des meneurs, mais jamais un requin financier pur. Il m’a regardé en partant comme un pédophile doit regarder une petite fille. Avec délectation.

 

Le lendemain mon notaire m’appelle. Il a reçu par fax notre compromis de vente avec 2 signatures, l’original qui compte doit suivre par courrier express de Paris. Je n’y crois pas, je suis euphorique. J’ai gagné. J’informe en plus deux amis et mes parents. Même mon Mec y croit. Pour la premier fois il dort paisiblement.

 

Quand l’original arrive il y a deux clauses en plus dessus. Inacceptables. Ce coup là, je ne le connaissais pas. Même mon notaire est dépassé, mais c’est légal. Mon sang slave ne fait qu’un tour, je prends le téléphone et perce jusqu’au secrétaire général du groupe.

 

-Quand Monsieur F. achète, il achète le personnel avec. Il a insisté expressément en ce qui vous concerne, il vous accueille avec plaisir dans notre groupe ! –Dites à Monsieur F. que jamais je ne travaillerais pour lui ! Jamais !-Dites à Monsieur F. que les délais ne pourront être tenus et que la vente est suspendue !

 

Je suis effondré. J’ai échoué. Aucune chance. Je me couche pour la journée, me refuge dans mon lit. Saloperie de saloperie. Il ne me reste que la démission et je perdrais tous mes acquis. Je connais le droit social, faire maladie ou abandon de poste ne me mèneront à rien. Ils ignoraient. Je ne serais pas payé, je devrais prendre un avocat, ils laisseraient traîner pendant des années…En plus la date ne sera pas respectée et c’est trop risqué, la loi Sarko ne sera peut être pas reconduite, anyway.

 

Combien de temps pourrais-je encore tenir ? Je suis si fatiguée.

 

Deux jours plus tard nous sommes contactés par un autre groupe, rdv la semaine prochaine. Un autre espoir. Faut pas lâcher Bri, pas lâcher.

 

Nous vivons dans un monde sans pitié. Mais je sais une chose, tôt ou tard Monsieur F. tombera sur plus fort que lui. Une OPA. Je ne pense pas qu’il trouvera un chevalier blanc. Bonne descend en enfer.

 

by herself DECEMBRE 2005

Ecrit par brigetjones30, le Samedi 3 Décembre 2005, 14:46 dans la rubrique "AU JOUR LE JOUR".
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