BENJAMIN…

Assis sur une borne d’eau Carla pleurait. Devant elle se tenait un grand gaillard à lunettes d’au moins 1.96m l’ai penaud. Ses 110kg lui étaient tombées dessus. Elle avait mal. Tout allait mal. Bien sûr elle était choquée, elle s’était crue attaqué. Mais il y avait autre chose aussi. Depuis sa rupture avec Antoine, Carla essayait de survivre dans un pays qui n’était pas le sien.

Pourtant tout avait si bien commencé. Son mariage féerique…Sa première année de mariage. Non, ils n’avaient pas eu de lune de miel. Antoine avait trouvé un travail de suite et tous deux avaient décidé de ne rien demander à leurs parents. Pas envie d’entendre- Sans nous, hein…. !

Ils avaient un budget très serrés, très. Carla apprit à le gérer. Elle ne trouva pas de travail comme maquilleuse de théâtre, trop peu de places et fit du coup plein de jobs. Trilingue elle profita de faire des visites dans des musées à des touristes….Travailla un peu au black. Par contre Antoine travailla jour et nuit. Carla voulait tant un enfant. Pour Antoine pas question.

 -Plus tard ! Ecoute profitons d’abord, j’ai plein de projets ! Euh…Et vraiment, tu sais, un enfant…Je ne me sens pas encore capable de l’assumer….

Ainsi continua leur vie. 2 cinés par mois, une inscription à la MJC du coin ou Carla fit de la poterie et lui du dessin. Carla était heureuse, mais petit à petit ce désir d’enfant la taraudait de plus en plus. Elle manquait aussi de tendresse. Son mari avec l’éducation reçu ne l’exprimait qu’au lit. Il était peu démonstratif dans la vie de tous les jours. Or, vu ses ambitions de gravir des échelles et gagner un maximum de fric, le soir Antoine était fatigué. Trop fatigué.

Clara compensa en apprennent la cuisine française. En vendant ses petits œuvres fait main sur les marchés. Cela mettait du beurre dans les épinards. Hors question pour elle de travailler dans le commercial, ses études forcées, imposé par son père.

Ayant changé une fois de plus la pilule qu’elle supportait mal, Carla se trouva enceinte. Oh bonheur…Bonheur pour elle. Antoine ne dit rien, ne sauta pas de joie. Il adorait Carla pour ses frasques, son tempérament de lave, qu’elle marchait pieds nus, ses repas invraisemblables mais originales et bonnes…

-Ok, ma fois, c’est ne peut être pas le moment mais soit. Ecoute, je ne t’ai jamais poussé à travailler dans ton job, je t’ai laissé faire. Je vais travailler encore plus, nous allons déménager, faut prévoir….Carla était déçue.  –Mais l’argent n’est pas tout ! J’ai besoin de faire un enfant, un enfant de toi ! Je veux un Bébé ! Je ne dépense jamais l’argent bêtement ! Tu verras, ça ira, arrête tes peurs existentielles !

Une semaine après Carla reçut un coup de téléphone de son Père.- Ton frère à disparu, nous ne savons plus quoi faire….

Elle cassa son tit cochon bleu et partit en Allemagne. Trouva son frère dans la cachette d’enfance qu’elle et lui ne connaissait. 3^ième suicide. Apprit que son frère allait rester handicapé. Fit une fausse couche.

-Bon ça saigne drôlement là, votre genou. Venez il y a une pharmacie. Carla hoqueta. Collant déchiré, jupe abimée son sac taché et le pire, le livre qu’elle venait d’acheter avait atterrit dans une flaque d’eau. Foutu. Pour se changer les idées elle avait passé un bon parti de l’après-midi à la FNAC. Elle adorait lire. Ayant peu de moyens, elle avait appris à lire en diagonale, prendre l’essence d’un livre, cela évitait les erreurs d’achat.

-Voilà vous êtes soignez. Je vais vous déposer à la maison. Vous habitez où ?

Arrivez chez elle, enfin chez sa copine, Carla pleura de plus belle. Ca, ça avait été la goutte d’eau, le vase débordait.

Revenue d’Allemagne, a bout, Carla s’était réfugiée dans les bras d’Antoine. Bien sûr il l’avait consolée, bien sûr. Mais Carla avait vu…Avait vu un tel soulagement dans ses yeux a l’annonce qu’elle avait perdu son bébé. Deux mois plus tard elle avait convenu d’un break avec son mari. Six mois, un an ? Elle ne savait pas, sauf qu’elle ne continuerait pas comme ça.

Antoine essaya de la retenir, trop tard. Carla partit se réfugier chez une copine.

La copine s’avéra vite une espèce de nymphomane. Pas un soir qu’elle n’emmenait pas un mec. Carla ferma sa porte à clé. Rien dans le frigo. Au début Carla avait pris sur ses économies. Rempli le frigo pour le toit sur sa tête, le gîte. Carla apprit que l’amitié était un gros mot. Elle se contenta donc de manger un paquet de chips de fois par jour ou des patates au beurre. Elle travailla pour plusieurs grands marques de cosmétiques, en parti bénévolement. Cela faisait bien sur son CV.

Assis sur le canapé défoncé de sa copine, Carla regarda sa jupe. Bon, il lui restait encore ses jeans et quelques t-shirts. Elle n’avait emporté avec elle que le minimum. Elle laverait sa jupe à la main, pas d’argent pour le pressing. Le téléphone sonna.

 – Bonjour, maison X. Pourrais-je parler à Carla ?-Ouiiiiiiii, c’est moi !- Voilà, votre travail était très performant, nous souhaitons vous embaucher à plein temps. Carla réfléchira à toute vitesse. –A combien vous évalué mon travail ?- Smic plus primes, pourboires.

-Désolé. Je vous fais remarquer que je parle 3 langues couramment. Je souhaite 2000 Frs de plus et un 13^ième  mois !-Euh ?….Ca marche. Présentez-vous demain 8h !

Carla avait apprit à se vendre. A connaître sa valeur. Non, elle ne resterait pas dans la merde.

by herself NOVEMBRE 2004

Les commentaires sont verouillés.Merci de me lire!:)