Mais où est donc passé mon sourire ? Perdu mon sourire. Sourire, sourire où es-tu ??? Je regarde mon visage sans sourire dans mon miroir. Parti…Mais comment retrouver mon sourire ? Je décide de partir à la recherche des sourires perdus.

La parfumerie. Une belle jeune femme s’avance. Elle a l’œil cerné, les traits tirés. Un regard triste. -Je viens me faire ‘ressourcer’ et je lui tiens mon flacon d’Angel vide. Je lui arrache un sourire-Mais bien sûr ! Moi aussi je voudrais bien me faire ressourcer ! Elle va à la ‘source’ et remplit mon flacon, j’entame une conversation. Un deuxième sourire suit !-Oh, votre capuchon est tout abîmé, je vais vous le remplacer !

-C’est très gentil, merci ! –Non, vous êtes gentille ! Encore deux sourires que je mets dans mon cabas soigneusement.

La Boulangerie. Avec un regard morose la boulangère rend au client devant moi la monnaie sur 50 Euros pour un achat de 0.50 Cents. Elle vide pour ainsi dire sa caisse parce que le client ne veut pas chercher, pas donner. Un con, c’est marqué sur sa figure. –Oui ?- Alors pour moi ça sera une marguerite et un petit pain au noix ! Elle me sert, je paye et lui propose de faire la monnaie car j’ai plein de pièces. Elle est ravie, ça lui évite d’aller à la banque et encore un sourire retrouvé !- Merci bien !- Mais de rien ! Je la quitte avec un sourire aux lèvres, je le range et les siennes aussi.

Le Supermarché. La queue s’allonge. La femme plus trop jeune et un peu trop enveloppé aux cheveux gras essaye de changer le rouleau de caisse. Ses mains tremblent, c’est une nouvelle, une remplaçante d’été. J’étais juste venue acheter trois bricoles, ma lessive et le sable pour mes chats. La ménagère derrière moi râle, son caddy plein et la femme tremble encore plus. Je me retourne, la regarde de haut en bas et la tance vertement –Vous voyez bien qu’elle fait au mieux ! Vous n’êtes certainement pas à quelques minutes prés ! Vous travaillé ? Non ? Alors ! Je m’adresse à la femme et lui conseille de couper avec un ciseau bien droit le début du rouleau. –Ha ! Si en plus il leur faut apprendre le boulot ! La ménagère revient à la charge. –Non, mais ! Qu’est ce que vous en savez ! Vous croyez que c’est facile d’être caissière et ‘passer’ plus de 200 personnes par jour, dont certains puent et sont désagréables ?Hein !Et toc ! J’entends rire dans la queue et la caissière me fait un sourire reconnaissant. Avec mon tuyau elle y est arrivée et ça roule à nouveau. Je paye –Merci Madame pour votre gentillesse !

-Mais de rien, moi aussi j’ai fait ce job, je sais de quoi je parle ! Un grand sourire qui en vaut deux me répond ! Je range, je range….

La Traversé. Courses en main je souhaite traverser la route pour aller de l’autre côté. Les voitures défilent et enfin une s’arrête. D’un geste charmant l’homme m’invite de traverser, je lui réponds par un geste de ma main, sourires réciproques. Arrivé sain et sauf de l’autre coté, je range dans mon cabas, je range. Deux sourires.

Le square. J’arrive dans un square et je m’assois à coté d’une jeune maman et de son bébé. Une petite pause est bienvenue, mon cabas à sourires devient lourd. Je regarde les canards qui frôlassent dans l’étang en face de moi, que c’est paisible. La maman prend son bébé qui gigote et l’allaite. Enfin repu, il ouvre un œil et sourit à sa mère, qui répond de même tout en me regardant complice. Un beau sourire épanoui qui se passe des mots. Je me lève et je range précieusement ces sourires là.

Enfin à la maison je déballe mes cours et je mets dans un bocal transparent marqué ‘Gourmandises’ dessus tous mes sourires de la journée ! Ouh là il y en a ! Ils rentrent tout juste dedans, je tasse même un peu ! Il y a le ‘sourire toutes dents dehors’ qui se bagarre avec le ‘sourire timide’ qui ne veut pas laisser sa place !!! Le ‘sourire innocence bébé’ s’en mêle et j’en passe ! Eh oh là, hein ! Je mets le couvercle et place le tout en haut de mon placard, à porté de mes mains.

Bon, maintenant quoi qu’il advienne j’ai des sourires. Des sourires mélangés avec les miennes. Je peux puiser dedans. Je m’estime riche.

Je dédie cet article à un ami qui se reconnaîtra.

by herself AOÛT 2005