Assis dans l’église je suis très émue. C’est la communion de mon seul filleul. Ca se passe en Allemagne. En fait cela s’appelle confirmation car nous sommes protestantes. Notre religion diffère peu de la religion catholique, sauf que nous ne prions pas la vierge, pas de confesse et pas de Dieu sur terre, le pape.

C’est le prêtre qui fait la croix à la fin de la messe et pour bénir il lève ses bras, les écarte, paumes de mains tournées vers ses ouailles. Ils ont droit de se marier et ils touchent un salaire car les croyantes payent une taxe et une partie leur sont reversé. Non, pas de pédophilie chez nous.

Je suis émue car mon filleul est le plus jeune, le plus petit, tout juste 13 ans et demi et il porte pour la premier fois un costard noir avec une fleur blanche à l’œillère. C’est qu’il est en avance. Même à l’école.

Quand je pense à mon époque. Les filles portaient des petites robes noires et une croix autour du cou. Là, elles sont en tailleur/pantalon. Maquillés. Elles ont 14/15 ans, je leur donne largement plus.

A tour de rôle les confirmantes s’approchent du micro et lisent une phrase de la bible. Mon filleul lit, mais différence, à la fin de sa lecture il lève la tête et regarde tout le monde dans les yeux à droite et à gauche pour appuyer ses dires, ses mots. Bravo, ça promets !

La vieille au soir je lui ai crevé un bouton bien rouge et ce matin on n’y voit goutte, caché par un crayon cache-boutons ! C’est important ça, les boutons on ne les aime pas à cet âge là !

Assis sur la banquette bien rembourrée et dans cette église bien chauffée et bien jolie, je suis émue.

Cela faisait longtemps que je n’étais allé dans une église, soit elle catholique. Overdose.

Autre fois j’allais dans une église catholique pour allumer des cierges en mémoire de mes disparus. Et pour le calme qui y régnait. Ensuite pour les baptêmes, communions, mariages et enterrements de ma belle-famille ou celle d’amis proches. Et puis overdose.

Les églises catholiques en France ne sont pas chauffés et les banquettes sont dures.

Assis dans cette église je suis émue. Pleins de souvenirs me reviennent.

J’ai tant cru à Dieu. Petites, Mère nous faisait faire notre prière tous les soirs. ‘Lieber Gott mach mich fromm, dass ich in den Himmel komm’!’

Pour ma confirmation je portais une belle robe noire et je disais de tête 7 strophes de la bible. Tellement j’ai cru.

Bon, maintenant tous chantent. C’est en anglais, ça fait plus moderne et il y a trois filles qui jouent de la guitare en accompagnement. ‘ Heeeeee iiiiissss aaaalllliiiivvvvee !’Tsss.

Je ne chante pas. Je regarde mon filleul. Hier il était le bébé rondelet que je tenais au-dessus du bassin de baptême, aujourd’hui c’est un ado en costard/cravate qui laisse déjà deviner l’homme qu’il sera un jour. Il sera beau. Il a du talent. Son cadeau sera un violoncelle de pro, c’était son plus grand vœu. Il joue depuis 7 ans déjà, une heure par jour et dans des concerts.

Quand il avait 6 ans il m’a rendu visite quelques jours en France. Je l’ai mis sur un adorable poney et nous sommes partis en balade. Au retour il a souhaité prendre des leçons. Ca coûte cher en Allemagne. Non, ce n’était pas une lubie. Il en fait toujours et il m’a largement dépassé. Comme quoi. Il n’a pas le droit d’avoir un animal, même pas un hamster. Alors dans nos lettres, car nous nous écrivons régulièrement, je lui ai suggéré d’opter pour des poissons, car les parents avaient de la place pour un bassin dehors. Non, pas des poissons rouges, des Koïs, poissons japonaise multi-couleurs qu’il pouvait caresser. Ca aussi c’est une de ses passions maintenant.

C’est fini, le prêtre à fini son prêche. Nous disons le ‘Notre Père…’. Unser Vater der Du bist im Himmel…’ Je le connaît toujours par cœur et instinctivement je croise mes mains et le dis.

Tout le monde s’en va, tout le monde pense qu’à la bonne bouffe.

Je m’attarde un peu. Devant moi une bible posée sur un renfort en bois. Je la prends entre mes mains et je l’ouvre au hasard. ‘Je ne te laisserais jamais tomber, si tu crois en moi. Je te pardonnerais tous tes pêchés, toi qui crois en moi. Il n’est jamais trop tard, viens à moi.’

Je ferme la bible. Non, merci. Je ne peux plus, pas. Je LUI boude.

by herself AVRIL 2006